Les mots justes

Trouver les mots justes, quelle ambition, quelle insatisfaction à la clé après s'être déçu soi-même de ne pas avoir su toucher du doigt l'exactitude de la pensée, de ne pas avoir su la retranscrire comme on l'aurait souhaité. Nul ne saurait dire pourquoi je commence à écrire ici à l'aube d'une nouvelle année, moi qui prétend accorder si peu d'importance à ce changement. Je souris des personnes qui semblent croire que la vie devient plus lumineuse une fois minuit passé, comme si le reste s’effaçait et que ne subsistait que ce chiffre, deux mil quatorze, autant de vœux et d'espoirs pour les trois cent soixante cinq jours à venir. Je suis comme tous ces gens, finalement, je ferme les yeux très fort en espérant un miracle avec l'arrivée de cette heure si mystérieuse, minuit. Une minute d'éternité, pendant laquelle rien n'est impossible. Une minute pendant laquelle on peut se surprendre à rêver, à croire un peu à la magie en embrassant les gens que l'on aime et mesurer la chance d'être là, ensemble, pour une année supplémentaire. Évoquer les bonnes résolutions dont on sait par avance qu'elles ne tiendront pas plus de quelques jours, mais l'intention est là, dans cette envie de devenir meilleur, de rendre sa vie plus belle, plus juste. Je me suis promis intérieurement de visiter un photomaton le quatorze de chaque mois, pour mesurer le temps qui passe sur moi et le temps qui reste. Se faire la réflexion que ce n'est pas le temps qui passe, le temps est éternel, il existera toujours ; c'est nous qui passons et j'ai l'amère sensation de passer à côté de ma vie, toute cette souffrance me fait oublier l'essentiel et je divague, je dévie. Me promettre aussi d'écrire, puisque les mots sont le mince filet qui me relie encore à la vie, me promettre de photographier les petits drames et les petits bonheurs, les scènes qui touchent, de rendre ma vie palpable avec un Polaroïd pour ne jamais oublier. Ne jamais oublier que j'existe, que j'ai existé.

Traverser les mois de l'année le sourire au cœur, tenter de ne pas perdre mes brins d'étoiles et mes miettes de petite fille sur le chemin, voilà ce que je souhaiterais. A l'aube de tous ces espoirs enfouis, j'écris. Je pars à la quête des mots justes, puisqu'ils sont ceux qui donnent un sens à ma vie, cette vie faite d'amour et de finitude, de foi et de désespoir, de rires et de larmes. La vie a le sens qu'on lui donne, voilà ce que je pense ce matin. J'ai brûlé deux mil treize après l'avoir résumé sur une feuille blanche, quelques mots qui font peur gribouillés au stylo noir en tenant la main de ma sœur. J'ai supplié, en voyant les braises et le papier se consumer lentement, d'enfin trouver la paix intérieure. 

Janvier, s'il te plait, ne me fais pas trop de bleus au cœur.

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Commentaires: 1
  • #1

    Victoire (lundi, 13 janvier 2014 21:04)

    tu as les mots justes.