Des journées couleur naufrage

Les petits matins glacials où l'on croise toujours les mêmes personnes, à l'heure exacte de la veille, assises dans le bus à une place comme attitré, attribuée. Un bonjour fragile échangé avant de s'installer, les yeux cernés et le cœur fatigué. S'imaginer la vie d'illustres inconnus derrière des fenêtres allumées, et se dire que nous ne sommes finalement que grains de poussière au sein de l'univers, immense, où chacun à un rôle à jouer. Je me plais à penser cela, parfois, à me dire que le monde sans moi ne serait plus le même. J'aimerais vraiment avoir quelque chose à écrire, quelques lignes à laisser. Je profite chaque jour des sourires des enfants qui valent de l'or et de leurs petites phrases insouciantes et si tendres. On fait de "la patate à modeler", on essuie des larmes, on emmagasine les rires, on s'évade et on imagine devant les œuvres des petits artistes en herbe. Je suis rentrée un soir et j'ai découvert la première Lettre d'un Inconnu, une jolie carte venue me souhaiter une nouvelle année couronnée de succès, d'inspiration, d'aventures et de belles rencontres.  Moi qui n'allume jamais la télévision, je me suis surprise à regarder les programmes de nuits en attendant que le sommeil vienne, les mots s’échappant des livres lorsque je tente de les ouvrir, ne parvenant pas jusqu'à mon esprit trop embrumé. Des journées couleur naufrage, tristes heures en apnée et en absence, de moi-même et de la vie extérieure. Garder mes yeux fermés pour ne plus rien voir, appuyer mes mains très fort sur mes oreilles pour ne plus entendre, ne pas savoir comment fermer mon esprit aux terribles pensées qui le tourmentent. Je me suis encore une fois retrouvée dans l'incapacité à faire taire l'angoisse, dévorante, broyant tout sur son passage. La peur de perdre un contrôle que je n'ai pas refait surface, et je me laisse diriger par cette petite voix qui a plus de contrôle sur ma vie que moi. Je voudrais être aux commandes de mon existence, moi-seule, même si cela fait terriblement peur. Mais tous les enfants savent que l'on ne peut pas raisonner avec un monstre. Finalement, me répéter tout bas que demain est sera un autre jour, l’espérer moins sombre et me surprendre à prier un Dieu auquel je ne crois pas. Parce que je ressens immensément que ma vie ne tient qu'à un fil. 

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