cinquante choses à propos de soi

J'ai décidé de me prêter à la petite expérience que j'ai découvert sur le doux carnet de bord d'Anne-Solange et qui a été initié par la mystérieuse et fascinante Solange dans l'une de ses vidéos. 

Voici donc, cinquante choses à propos de moi, des anecdotes ou des choses plus importantes qui les unes comme les autres me constituent. C'est drôle, ce petit jeu m'aura permis de mettre des mots et des images sur la personne que je suis aujourd'hui, sur ce qu'à été ma vie. Ce fut en quelque sorte une quête d'identité spontanée. Tout ce qui est écrit ici a un sens sans doute, pourquoi ces choses-là et pas celles-ci, je ne sais pas. Mais à vrai dire, je m'en fiche. Peu importe pourquoi ces détails me constituent, ils le font, voilà tout. Les trois fois rien qui ne feraient sans doute pas partie d'une biographie officielle et qui, pourtant, ont tant d'importance. Pour retracer le chemin d'une existence, je crois qu'il faut prendre en compte les détails autant que les faits, les traces qui nous permettent d'imaginer ce qu'à été la vie d'une personne. Qui a été cette personne. Les aléas, les petites déceptions et les petits bonheurs, les brisures, les goûts, les rêves d'enfants, l'origine des choses et les promesses d'avenir déchues. Tout ce qui participe de manières invisible à définir une existence. Prendre en compte tout cela.

- J'ai failli m'appeler Neige. Je crois que c'est mon père qui ne voulait pas. Il est trop terre à terre, sans doute. Ou peut-être avait-il peur que l'on se moque de moi. Moi, c'est un prénom qui m'aurait plu, un peu magique un peu poétique car il me fait penser au conte de Blanche Neige.

- Finalement, ce fut Fantine. Margot en second. Ça me va aussi. En tous cas, je suis contente d'avoir eu un prénom différent de celui des autres petites filles.

- Mon prénom est tiré du roman de Victor Hugo, Les Misérables. Cosette, la fille de Fantine, est plus connue.

- C'est sans doute ma maman qui a trouvé ce prénom : mon papa n'ouvre jamais aucun livre. Alors Les Misérables, 992 pages, vous imaginez bien.

- Moi qui suis une lectrice inconditionnelle, je n'ai jamais lu le classique duquel est tiré mon nom. Je ne saurais vous dire pourquoi, c’est encore un mystère pour moi.

- Mon écrivaine préférée : Laurence Tardieu.

- J’ai fait un séjour de plus d’un an dans une sorte d’hôpital pour les âmes malades, un refuge pour les cœurs cabossés ou cassés. Le mien était en miettes. On y a mis beaucoup, beaucoup de colle. L’histoire est un peu plus compliquée car le rafistolage n’est pas tout à fait au point : à longueur de journée, je dois tenir mon cœur avec les deux mains, une de chaque côté, et maintenir le tout bien serré. C’est un peu fatiguant, mais je ne peux pas faire autrement.

- Je souris souvent. C’est rarement pour de vrai.

- A la crèche, un jour un petit garçon m’a dit que je ne m’appelais pas Fantine, mais Douce. A coup sûr, lui, c’est un futur poète.

- Je déteste la politique. C’est le sujet qui m’intéresse le moins au monde, et je ne comprends pas cette logique toujours marchande et rarement humaniste. Tout n’est toujours que question d’argent, et les politiques ont une faculté incroyable à inventer des problèmes là où n’y en a pas pour détourner le regard des gens des vrais problèmes. Ce qu’ils n’ont pas compris, c’est que la Terre n’est pas à vendre.



- Dans mon enfance, j’ai souvent eu l’impression de vivre des moments déjà vécus. Une sensation de déjà-vu terriblement troublante, qui me poussait à croire que nous avons plusieurs vies, ou quelque chose comme ça. Cela a cessé lorsque j’avais dix ou onze ans, peut-être un peu plus.

- Je suis baptisée, alors que mes parents ne sont pas croyants. C’est quelque chose que je n’ai jamais compris, et eux-mêmes ne savent pas l’expliquer.

- Une fois, j’ai rêvé que je me faisais tirer dessus, trois fois. J’ai ressenti très fort l’impact des balles et la brûlure. Cette douleur a persisté au réveil.

- En parlants de rêves, je fais souvent des cauchemars dans lesquels je perds mes dents. (chacun peut y aller de sa propre interprétation)

- J’ai un tout petit tatouage derrière l’oreille droite. Une étoile. Pour continuer à croire.

- J’ai fait une fois de la plongée sous-marine et c’était absolument fabuleux. Je crois que j’aurais aimé vivre sous l'eau. Mais s’il semble fascinant, le monde sous-marin me paraît tout aussi terrifiant.

- L’Amoureux et moi, on ne fait tous les soirs un bisou de bonne nuit. Même quand on est un peu fâchés. Même quand on n’est pas d’humeur.

- Dans mon ordinateur, il y a un roman. Autoportrait du chagrin. Mais je veux faire mieux.

- Je ne mange plus de viande depuis maintenant cinq ans. Je n’arrive pas à m’imaginer manger à nouveau de la chair. Si je m’écoutais, j’arrêterais même de manger du poisson, mais j’ai trop peur des conséquences sur mon organisme.

- Dans mon appartement dort une petite boule de poils au doux nom de Gribouille. Sauf que je l’appelle de mille manières, sauf par son prénom (qu’elle a sans doute oublié, depuis le temps).

- Gribouille est, sans doute à mon image, névrosée, terriblement angoissée et lâche rarement prise. Rapport au fait qu’elle a été abandonnée tout bébé par sa maman. (dans notre foyer, la séparation est un phénomène qu’on maintient le plus à distance possible, rapport à nos passés compliqués)

- L’endormissement est le moment de la journée que je redoute le plus.

- Je dors le plus souvent en chien de fusil.

- Quand on se couche, l’Amoureux et moi, ce que je préfère c’est quand il se colle dans mon dos et qu’il me serre. Je me sens contenue. Ça le fait rire. Lui, il déteste que je le touche au moment de dormir.

- J’ai une peau très très pâle. Ma maman m’a souvent dit qu’à une époque, c’était la mode.

- Trois personnes m’ont littéralement sauvée la vie lorsque celle-ci m’a lâchée la main : un professeur de français, une infirmière et une psychologue.

- Lorsque j’étais en primaire, j’avais emprunté Le fantôme de Canterville, d’Oscar Wilde. Chaque soir, j’en lisais quelques pages, je butais sur les mots, je devais chercher les définitions. Mais je ne m’étais pas accordée le droit de ne pas le finir, je ne voulais pas décevoir la maîtresse lorsqu'elle me demanderait si j’avais aimé et que je devrais faire un résumé devant la classe.

- Je ne sais pas mentir. Ou alors, très maladroitement.

- J’ai un truc particulier avec les enfants. Dans le bus ou dans la rue, ils me sourient ils me parlent, et c’est depuis toujours inscrit en moi. Une vocation logée je ne sais où.

- Quand je suis toute seule chez moi, je chante tout le temps. Principalement des chansons pour enfants. Ou alors je mets la musique à tue-tête et je danse. Et ça me fait un bien fou.

- Quand j’étais petite, j’aurais aimé être Emilie Jolie. Ma sœur et moi, on connaissait (connaît encore, sans doute) toutes les chansons par cœur.

- Je ne me suis jamais vraiment disputé avec mes parents. Je n’ai jamais dit à ma mère : « Tu me fais chier » ou à mon père « Fiche moi la paix ». Jamais de crise d’adolescence, donc. Ca choque les copines. Sauf que je ce que tais, c’est qu’à seize ans et demi j’ai explosé à l’intérieur d’avoir été trop sage. Et que les dégâts ont été beaucoup, beaucoup plus grands que si j’avais envoyé valser mes parents comme les autres. 

- Depuis que je suis née, j’ai toujours habité au même endroit. La grande maison au milieu de rien, j’y ai fait mes premiers pas et dit mes premiers mots, j’y ai appris à lire et à écrire, j’y ai ris et pleuré, j’y ai grandi. Jusqu’au bout.

- Je me demande : quand cesse-t-on de grandir et commence-t-on à vieillir ?

- La grande maison, elle n’a plus les mêmes couleurs, maintenant.

- Enfant, je détestais la salade verte.

- Je déteste le téléphone. Ça m’angoisse, de ne pas avoir la personne en face de moi et j’ai toujours l’impression de devoir quelque chose. Ce qui est plutôt bien, c’est que personne ne m’appelle jamais. Sauf ma famille et Mme M. Mais avec eux, ça va.

- Je suis née un quatorze septembre. Ce qui m’a toujours compliqué la vie pour fêter mon anniversaire. Petite, je ne savais pas si je devais inviter mes amis de l’année précédente ou les copains de ma nouvelle classe. Du coup, je n’ai presque jamais organisé de fête d’anniversaire (et toujours pas, d’ailleurs, même si c’est pour des raisons différentes).

- Je suis morte (une première fois) un quatre février.

- Ce jour-là, il neigeait.

- J’ai les yeux verts. Mais lorsque l'on se concentre très attentivement sur leur couleur, on remarque très près de la pupille, ils sont bleus. Au gré du soleil et des nuages, ils peuvent devenir gris.

- Je suis fascinée par les crépuscules et les milles facettes que peut avoir un seul et même ciel.

- L’Océan m’attire, inexorablement.

- La Bretagne aussi.

- Je connais approximativement le nombre de calories que contient chaque aliment (en particulier ceux que je mange). Ô, comme j’aimerais que ce ne soit pas le cas.

- Je voudrais voyager. Et voir, surtout, l’Ecosse, l’Irlande, le Canada, l’Islande, le Groenland, l’Amérique du sud et puis. Partout.

- Lorsque j’avais neuf ans et que mon oncle est mort, j’en ai voulu à mes parents de ne pas m’avoir laissée aller à l’enterrement. J’étais certaine que si ça se trouve, ce n’était pas lui et que les autres personnes ne s’en étaient pas rendues compte.

- J’ai 7983 jours.

- Une fois quand j’étais petite, on prenait un bain avec ma sœur et une grenouille est remontée par le tuyau pour venir nager dans baignoire.

- Je n’ai pas bu un seul verre de soda ou de sirop contenant du sucre depuis presque cinq ans. Ah si, une fois chez ma sœur il y a quelques mois, je me suis trompée de verre et j’ai bu dans le sien. Une gorgée. Lorsque je m’en suis rendue compte, j’ai pleuré comme une madeleine et je crois qu’elle n’a pas vraiment compris.

- Je suis la benjamine d’une fratrie de trois.

- Ma maman et moi, on n’a pas encore tout à fait coupé le cordon. Et je vous assure, c’est un problème.

 

 

Oh, j’aurais pu en écrire cinquante autres. 

Crédit photo : les trois photographies sont tirées de la série American Asylums de Jeremy Harris. (vous pouvez voir la série complète ici, si vous êtes curieux). Ce photographe américain s’intéresse à la photographie d’architecture et, ici, à des asiles abandonnés aux Etats-Unis. Je voulais partager ces photographies avec vous parce que. Il y a dans chacun d'elle une lumière, quelque chose. Quelque chose que je trouve terriblement beau. Le voyez-vous ? Ces lieux abîmés par le temps où la nature a repris ses droits et où persiste pourtant quelque chose de fascinant par les patients qui l'ont habités m'ont émue, voilà. 

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Commentaires: 1
  • #1

    Lesviesdansent (mardi, 11 août 2015 09:27)

    Oh je voudrais lire encore et encore des petits détails qui font tout :)
    (Et merci pour la jolie découverte de Jeremy Harris, j'ai toujours été attiré par l'Urbex!)