Chroniques de gares (jour quatre)

19/12/2016, 15:23, gare de Grenoble, salle de repos

 

 

Elle me fait penser à mon amie Mélanie. Mon attention s’attarde sur elle malgré moi, elle sent sans doute ce regard insistant car elle lève la tête et me fixe. Elle ne sourit pas. Des cheveux noirs et lisses lui encadrent le visage. Elle porte un manteau gris et une écharpe imprimée noire et blanche, rien de coloré, rien d’extravagant, sauf la couverture rouge du livre qu’elle tient entre ses mains et dont je ne parviens pas à discerner le titre. Elle a parsemé entre les pages des petits post-its jaune poussin. Je remarque son sac à main rouge bordeaux. Elle range soudainement son livre dedans en regardant le tableau d’affichage. Se lève. S’apprête à partir. Puis se rassoit, reprend son livre et sa lecture. Le train est annoncé avec vingt-cinq minutes de retard. Devant elle, une très grosse valise grise et un sac en papier Nature et découvertes. C’est bientôt Noël, je me dis. A l’intérieur de ce sac il y a peut-être un cadeau ou peut-être pas, peut-être juste un cadeau à elle-même, ou peut-être tout autre chose. Elle lève les yeux au ciel à plusieurs reprises puis reprend sa lecture. Je trouve qu'elle a un air triste. Je ne peux pas dire si elle l’est vraiment, ou si c’est la contrariété du retard qui assombrit son visage, ou bien encore s’il s’agit là du prisme au travers duquel je la regarde. Tout en elle est entre le noir et le blanc. J’aimerais la voir sourire. J’arrive enfin à lire le titre inscrit sur la couverture rouge : Préfécture Pénale. Je me lève. J’aimerais m’approcher pour lui chuchoter un Joyeux Noël mais je n’ose pas. Je n’ose pas, non, je me lève et je pars.

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