Décembre

J’aime bien ces derniers matins le brouillard qui recouvre la ville,
léger voile gris qui enveloppe les rues, les trottoirs et les gens.
Je suis presque heureuse que l’hiver soit là.
On le devine partout, dans la ville, au ciel blanc et au froid qui le caractérisent.
J’aime bien ces derniers matins que le rythme du monde semble ralenti.
J’aime bien, à cause du brouillard, ne pas distinguer le bout du chemin.
J’aime que ce brouillard dépose sur mes gants et mon manteau de laine de minuscules gouttes qui ressemblent à des petits flocons de neige.
J’aime bien la nuit noire de l’aube, les réverbères qui s’éteignent en même temps que je pars.  
J’aime me laisser distraire par les illuminations de noël qui dessinent les bordures des routes.
J’aime bien, surtout, faire semblant que le reste n’existe pas.
J’aime que la nuit et le brouillard rendent la vie moins réelle, suspendent le temps et de fait, dissipent un peu l’angoisse qui sans cesse fabrique des nœuds dans mon ventre.
J’aime oublier,

et puis me souvenir que rien de ce qui se joue, ni ces derniers matins ni ceux à venir, ne me tuera.