Dans la rue, là
marche devant moi un jeune homme.
À l'arrière de ses bras
sont tatoué deux dessins :
à gauche un chapeau
à droite un serpent boa digérant un éléphant.
Vous comprendrez, n'est-ce pas,
que les grandes personnes auront besoin du dessin n°2
pour comprendre que le dessin n°1 n'est en réalité pas un chapeau
et que les autres
les rêveurs
les enfants
verront dans le dessin n°1
un serpent boa digérant un éléphant
(le dessin n°2, à vocation purement explicative, est alors inutile).
En passant devant lui
je réalise que le jeune homme n'est plus si jeune
finalement
que son visage est vallonné des premiers sillons de l'âge
et que malgré les dessins du petit prince sous sa peau
le temps ne l'a pas épargné.
Je me demande alors
si lui aussi il repense parfois à sa chambre d'enfant
sans bien comprendre ce qu’il y a laissé
puis je me demande, aussi,
sous cette encre, là
qu'est-ce qui loge
quelle nostalgie
quels rêves avortés
quels regrets qui le hantent
quel enfant qu'il ne veut pas oublier ?
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